Des menaces et des agressions

Note: ce texte et les liens qui s’y retrouvent mentionnent divers cas de brutalité et d’impunité policière.

Un policier du SPVM fait face à des accusations de menaces de mort envers Pierre Moreau, ministre des Affaires municipales (voir aussi l’article de La Presse). Remarquez que ces menaces auraient été proférées alors qu’il était chez lui, devant sa télévision, avec sa conjointe.

Je ne peux juger de la probabilité que le policier passe à l’acte. Je peux cependant faire une comparaison‐et en profiter pour utiliser l’expression à la mode «deux poids, deux mesures». À de nombreuses reprises, et pas seulement pendant la grève étudiante de 2012 ni même depuis, des policiers ont menacé ou agressé des personnes de divers milieux, dans des contextes variés. Parfois, par chance, certaines de ces personnes auront droit à une enquête en déontologie. Souvent, cependant, les plaintes ne mènent nulle part.

Et, ça, c’est si le SPVM reconnaît même que quelque chose s’est produit. Jennifer Bobette a été agressée par un groupe d’intervention le 1er mai 2014. Elle a été blessée assez sévèrement. Le SPVM n’a aucune trace de cette interpellation, comme si elle ne s’était jamais produite. Peu de temps après avoir annoncé une poursuite contre le SPVM, Jennifer était arrêtée à la cour municipale, pour avoir supposément proféré des menaces de mort envers l’un des policiers responsables de son agression.

Un autre évènement, tragique: pendant une filature, un policier a heurté une voiture, tuant un enfant de 5 ans qui se trouvait à bord. Il n’y aura cependant aucune accusation contre lui.

Ce ne sont là que deux cas parmi d’autres, et ils sont relativement récents, mais on pourrait en trouver d’autres. Le COBP recueille des témoignages de brutalité policière.

Quel est le lien entre, d’une part, le policier arrêté pour menaces et, d’autre part, ces blessé.e.s et ces morts? L’injustice. Pierre Moreau jouit du privilège d’être un élu, et un ministre de surcroît. Cela signifie que, sans être à l’abri de tout l’univers, il est beaucoup mieux protégé (physiquement, économiquement, etc.) que la quasi-totalité des Québécois.ses. La violence policière restera toujours pour lui une chose éloignée, à moins d’une forte dose de malchance. Mais, dans ce cas, il serait peu probable qu’un policier s’en sorte sans conséquences.

TVA nouvelles rapporte par ailleurs les réactions d’autres élus. Où est leur indignation devant les violences subites par d’autres personnes? S’ils se disent au service des citoyens et citoyennes, ne devraient-ils pas alors s’inquiéter de l’impunité policière, même lorsque ce n’est pas leur propre personne qui est menacée?

1 Comment

  1. D’ailleurs, Cet article explique rapidement l’innutilité des enquêtes “indépendantes” de corps de police enquêtant sur leurs collègues d’autres corps de police.
    “Sur 416 enquêtes indépendantes menées au Québec entre 1999 et juin 2013 (celles qui conduisent à la mort ou a des blessures graves de citoyens), à la date du mois de septembre 2013 il apparaissait que 379 s’étaient terminées sans mise en accusation, que 34 n’avaient pas été complétées et que seulement 3 mises en accusation avaient été décidées.

    Moins de 1% de l’ensemble des 416 enquêtes de départ.”
    http://www.journaldemontreal.com/2014/09/06/la-police-vs-la-police

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