Une mère monoparentale Rom et sa fille qui résident à Montréal depuis 10 ans font face à une déportation.

Monika et “Alexa”* qui habitent à Montréal depuis 10 ans, s’exposent maintenant à une déportation le 27 mars vers la Hongrie, où elles font face à un racisme anti-Rom quotidien, alimenté par les mouvements néo-Nazi.

<< L’ensemble de ma famille a quitté la Hongrie en raison du contexte, qui est tout simplement désastreux pour les personnes Roms. Je n’ai plus personne là-bas et j’ai peur d’y retourner. Je veux protéger mon enfant du racisme anti-Rom. Je demande à rester ici, qui est ma maison depuis 10 ans, au moins le temps que ma demande de résidence permanente pour motifs humanitaires soit traitée et au moins pour que ma fille puisse terminer l’année scolaire en cours >>, s’exprime Monika.  

<< Le Canada ne prend toujours pas au sérieux la discrimination envers les personnes Roms. Le racisme anti-Rom est encore très fort en Europe de l’Est, d’autant plus que la menace des groupes d’extrême droite et des néo-nazis est toujours bien présente>>,  s’exprime Philippe T.Desmarais, un membre du comité soutien pour la famille, en expliquant qu’une vigile devant le musée de l’holocauste est prévue pour lundi prochain, soit 2 jours avant la date de déportation.

Il y a 10 ans, Monika, âgée de 18 ans, quitte la Hongrie avec sa fille Alexa qui a alors huit mois, afin de s’installer à Montréal. À travers les années, Monika présente plusieurs demandes pour obtenir un statut légal au Canada, mais les demandes sont rejetées en raison d’une mauvaise représentation juridique et d’une non-reconnaissance de la situation des Roms en Europe de l’Est.

En septembre 2018, Monika entreprend une nouvelle demande de résidence permanente pour motifs humanitaires, pour elle-même et sa fille, mais le 13 mars 2019, alors que la demande n’a pas encore été traitée, l’agence des services frontaliers du Canada (ASFC) lui annonce une date de déportation pour le 27 mars, soit moins de deux semaines plus tard. Monika demande si sa fille, maintenant âgée de 10 ans, qui ne parle pas le hongrois, peut au moins terminer son année scolaire, mais l’agence frontalière refuse.

Le contexte hongrois au moment du départ de Monika en 2009 était caractérisé par un nombre croissant de persécutions et de violences à l’encontre des Roms. Dix ans après la tuerie de plusieurs Roms par des groupes néo-nazis, la situation de ceux-ci reste incertaine. Avec la montée des mouvements néo-nazis, la haine des Roms ne fait que se normaliser.

La situation de Monika et de sa fille est injuste, mais malheureusement trop courante. Le système d’immigration canadien, s’autoproclamant comme étant juste et ouvert, ferme la porte à des individus qui résident en sol canadien depuis des années, perpétue le cycle de pauvreté et de violence qui s’abat sur ces mêmes personnes, et détourne le regard sur des situations urgentes, comme dans le cas actuel.

Pour leur protection, nous n’avons pas inclus le nom de famille de Monika et changé le prénom de sa fille.

Octobre 2009. Monika a quitté la Hongrie avec son mari en 2009, alors que la violence des néo-nazis et le racisme se multipliaient à l’encontre des Roms. Toute sa famille (parents, frères et soeurs) a également quitté la Hongrie. Monika avait alors 18 ans et une fille de huit mois. Son mari a présenté une demande d’asile mais est parti, laissant Monika seule pour élever sa fille.

Avril 2013. L’audience pour la demande de statut de réfugié s’est déroulée plus de 3,5 ans après l’arrivée de Monika au Canada. Le contexte en était un dans lequel l’ancien ministre conservateur de l’Immigration, Jason Kenney, faisait adopter sa loi sur l’exclusion des réfugiés et ne reconnaissait tout simplement pas la situation des Roms de l’Europe de l’Est, obligés de fuir en masse. La demande de Monika a une fois de plus été rejetée. ‘Alexa’ commence alors la garderie et deux ans plus tard, elle commence l’école. Elle parle le français à l’école et l’anglais à la maison avec sa mère. Son hongrois est limité, voir inexistant.

Avril 2015. Un avocat présente une demande de résidence permanente pour des raisons humanitaires. L’avocat ne fourni aucune preuve et le dossier est refusé six mois plus tard.

Mai 2018 L’AFSC donne à Monika et à sa fille une date de déportation qui doit avoir lieu le 4 juillet, mais juste avant la déportation, elle est informée que le vol est cancellé et qu’il est reporté.

Septembre 2018 Un avocat remplit une nouvelle demande humanitaire pour Monika et sa fille

13 mars 2019 L’AFSC entre en contact avec Monika et lui annonce comme nouvelle date de déportation le 27 mars, c’est-à-dire dans moins de deux semaines. Monika demande si sa fille, maintenant âgée de 10 ans, qui ne parle pas le hongrois, peut au moins terminer son année scolaire, mais l’agence frontalière refuse. Monika et ‘Alexa’ font maintenant face à une déportation imminente vers la Hongrie, où elles n’ont plus aucune famille et n’ont pas été depuis plus de 10 ans.

Source : Comité justice pour Monika et Alexa

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