Waiting at the Border: Voices of Syrian Refugees in Turkey

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Le film tente d’offrir un aperçu de la réalité vécue par les Syriens en Turquie, plus particulièrement dans la petite ville de Reyhanli. Laissant place aux témoignages des professeurs et à l’école, il espère traduire leurs efforts de solidarité en soulignant le caractère humain de la crise syrienne.

Waiting at the Border is a documentary made by Alice Bernard, an international relation student and member of 99% media who served as a volunteer teacher on the Syrian-Turkish border in the summer of 2013. While volunteering, she documented the stories of Syrian refugees in Al Salam school, a Syrian-Canadian initiative which provide an education for more than 1200 Syrian children.

This film aims to depict a glimpse of the reality lived by Syrians in Turkey, particularly in the small town of Reyhanli. Offering a central focus on the school and the teacher’s testimonies, the film hopes to translate their efforts of solidarity and to focus on the human nature of the Syrian crisis.

Témoignage d’un séjour à Al Salam

Après des heures de transferts en autobus et en taxis, Diego et moi arrivons à Reyhanli, une petite ville turque à quelques pas de la frontière syrienne. Une voiture vient nous chercher et nous défilons des rues poussiéreuses bordées d’oliviers.  Notre arrivée à Al Salam est accueillie chaleureusement. Dehors, les professeurs prennent le thé pendant qu’une centaine d’enfants jouent sous une chaleur accablante. Les fronts perlés de sueur,  on dépose nos sacs et sourit. C’est dans cette école que nous allons passer le prochain mois et demi.

Le projet de se porter volontaires émergea à l’improviste.  À Montréal, un ami nous mis en contact avec un activiste syrien qui proposa l’idée lorsqu’il vit notre intérêt à vouloir s’engager dans la région. Un mois et quelques emails plus tard, nous étions à Al Salam, une école pour réfugiés syriens à la frontière turco-syrienne.

Dans les premières semaines notre rôle consista surtout à proposer des activités créatives pour les enfants. L’objectif était de les aider à oublier les horreurs de la guerre en les incitant à s’exprimer par l’art et le jeu. On organisa ainsi divers projets, par exemple fabriquer des boîtes à crayons à partir de bouteilles recyclées ou transformer une partie de la cour en jardin pour y cultiver des légumes.  Sous la direction du professeur Abdullghafar, ancien travailleur de l’ONU pour le droit des Palestiniens en Syrie, on aida aussi à organiser une campagne d’élections scolaires pour les initier aux processus démocratiques.

La vie à Al Salam était calme et paisible. Les jours s’entamaient avec la voix des enfants qui chantaient en chœur leur chanson matinale et les après-midis défilaient à coup de tasses de thé, de jeux et de travaux dans le jardin. Malgré la barrière linguistique, les Syriens ont vite fait de nous prendre sous leur aile et de nous inclure dans leur quotidien, nous invitant pour une chicha ou à dîner avec leurs familles. Même les boulangers et les vendeurs de dattes sur la rue nous arrêtaient pour échanger quelques mots et des sourires.

En développant ainsi des liens d’amitié avec les Syriens de Reyhanli, leur réalité comme réfugiés nous devint de plus en plus frappante et on sentit le besoin de documenter leurs histoires. Avec  l’aide de la directrice de l’école Mrs. Hazar qui nous servit de traductrice on interviewa donc plusieurs professeurs et amis, les laissant libres de s’exprimer sur le conflit, leurs conditions de vie et leurs futurs.

Leurs témoignages furent un choc. Tous avaient expérimenté des formes variables d’horreurs et de traumatismes; certains avaient risqué leurs vies pour la révolution, plusieurs avaient perdu des membres de leurs familles et la plupart avait fui la Syrie à pied. Au fil de leurs témoignages, notre regard sur la situation se transforma. Malgré l’apparente sérénité qui régnait à l’école, on comprit que la plupart des professeurs et enfants souffraient dû leurs bagages émotionnels pesants. Ils vivaient leurs quotidiens dans l’attente, accrochés à l’espoir de retourner chez eux pour retrouver une certaine stabilité.

En soi l’expérience fut riche et révélatrice. Avec du recul, je me rappelle avoir été marquée par la forte cohésion qui se dégageait des échanges et des rencontres.  Rapprochés par les événements, les Syriens de Reyhanli ont su développer des liens de proximité solides par le biais de services, de soutiens et d’entraides.  Al Salam en soi est au cœur de ce réseau de solidarité, symbolisant pour plusieurs un lieu de conjoncture et d’échanges,  voire un refuge pour certains.

On quitta Reyhanli avec un pincement de cœur et une promesse d’être de retour. À ce jour, l’école fleurit et chaque année plus d’enfants syriens ont accès à une éducation gratuite. Si la situation demeure instable, des idées émergent et des projets se mettent en place pour répondre à l’importante crise humanitaire. À Al Salam, l’enjeu premier est d’assurer un avenir pour une génération future fragilisée.

-Alice Bernard, 99% member

About Alice Bernard 6 Articles
Étudiante en relations internationales et réalisatrice du documentaire «Waiting at the Border: Voices of Syrian Refugees in Turkey».