Gaz OC et coups de poing: des manifestants attaqués par le SPVM

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Le 10 avril dernier, j’écrivais, dépité, le récit de mon agression par des policiers de la SPVM. Lors de cette interpellation, les policiers à vélo avaient brisé une partie de mon matériel de tournage, après m’avoir ciblé de longue date, pour avoir commis le «crime» de trop régulièrement filmer les manifestations.

Il m’a fallu trois semaines avant de remettre les pieds dans une manifestation. Lorsque j’y suis retourné, pour le 1er mai, j’avais peur mais j’étais déterminé à documenter la lutte des gens contre l’austérité et la violente répression à laquelle ils font face.

Je savais désormais que les policiers à vélo étaient probablement les plus incontrôlables et les plus violents. Le 1er mai donc, une trentaine de minutes après la dispersion de la foule, je continue de filmer et me retrouve rue Hutchiston où un groupe de policiers à vélo suit quelques jeunes manifestants. Accompagné d’un autre vidéaste, nous suivons les policiers, en prenant garde de rester sur le trottoir, quelques mètres derrière eux. Au passage, un des policiers, qui m’a reconnu, me lance ironiquement : «belle caméra, c’pas pire elle est belle», en référence à leur tentative de la détruire le soir du 10 avril.

Les policiers accélèrent soudain la cadence, en direction du petit groupe de manifestants qui marchait pourtant lentement et paisiblement vers l’angle Hutchiston – Sherbrooke. Sur le trottoir, un manifestant est rattrapé par un policier qui le projette au sol et commence à le rouer de coup. Malheureusement, étant donné que nous courrions, ni mon ami ni moi n’avons réussi à capter correctement cette agression. Du reste, le jeune homme a réussi à se défaire du policier et à s’enfuir. Mais le plus grave était encore à venir…

1 arrestation, 3 coups de poing, 4 vidéos

À l’angle de la rue, il y a un attroupement. Des gens filment, les policiers s’agitent, derrière eux, une femme handicapée se tient le visage, aspergée de poivre de Cayenne. Je m’empresse de filmer, les policiers sont survoltés: plusieurs personnes sont bousculées sans ménagement. Mon attention se focalise sur un jeune manifestant portant un casque blanc qui, en plus d’être bousculé, reçoit un premier coup de vélo de la part de celui que nous appelleront Matricule XXXX puisqu’évidemment, cet agent ne portait ni son numéro de matricule sur le casque, ni son nom sur l’uniforme.

Tandis que je filme, un autre jeune homme est frappé à l’aide d’un vélo, puis violemment projeté contre le mur par deux policiers qui le frappent à plusieurs reprises à la hauteur de la gorge. Un peu plus proche de moi, le jeune homme au casque blanc s’assoit sur le sol et lève ses mains au ciel en faisant un signe de paix. Lorsqu’il se rapproche des policiers, et s’assoit à nouveau en reproduisant les même gestes de paix, deux agents se saisissent de lui, puis le Matricule XXXX vient leur prêter main forte, en assenant au manifestant trois terribles coups de poing au visage. Le jeune homme, retenu par les deux bras, n’a eu aucune chance de protéger son visage… Dans la confusion et face à la violence de cette agression, je me suis mis à trembler et ma vidéo n’a pas pu rendre compte des trois coups de poing. Autour de moi, de nombreuses personnes se sont mises à crier, paniquées par la violence gratuite de cet agent incontrôlable.

Lorsque je suis rentré chez moi, une première vidéo de la même scène est vite apparue sur les réseaux sociaux. En plus de la personne handicapée gazée par erreur par les policiers, on y voyait très bien la scène que j’avais en partie ratée : les trois coups poing au visage, à partir de 1min10sec. Plus tard, mon collègue Jérémie Caron-Gauthier envoie également une vidéo. Là encore, on y voit des manifestants ne représentant aucun danger se faire bousculer, puis à la fin de la vidéo, les trois coups de poing violents et sans appels, sous le regard abasourdie des témoins de la scène.

Très vite, nous nous sommes empressés de rassembler tout le matériel vidéo qui a  été filmé,  soit quatre vidéos au total. Trois angles sont couverts, trois vidéos montrent explicitement les coups de poing, tandis que celle-ci témoigne de ce qui s’est passé avant : rien! Rien, si ce n’est un manifestant jeune et inoffensif, qui s’assoit sur le sol aussi pacifiquement que naïvement, puis lève les bras vers le ciel.

Le lundi soir, le journaliste Pascal Robidas, alerté par un des quatre citoyens ayant filmé la scène, diffuse la quatrième vidéo sur Radio-Canada, offrant par là même une immense visibilité à cette affaire. Grâce aux efforts conjugués de nombreuses personnes sur les réseaux sociaux, nous parvenons à «identifier» le Matricule XXXX : à défaut de son numéro de matricule ou de son nom, voici son visage :

Un nom doit rapidement être associé à ce visage anonyme. Ce policier doit être puni comme il se doit, c’est à dire comme n’importe quel citoyen se rendant coupable d’une agression violente sur un autre citoyen. Enfin, il faut que ce policier soit également puni pour avoir «malencontreusement oublié» de porter son numéro d’identification sur son casque, et son nom sur son uniforme.

Par ailleurs, nous remercions toutes les personnes qui filment et photographient les manifestations. Aux matraques, boucliers, gaz lacrymogènes, grenades assourdissantes ou balles en caoutchouc, nous opposeront toujours «notre» arsenal d’armes non-létales: caméras, appareils photos, micros, go-pros, et téléphones portables.

Citoyens, armez-vous de caméras!


Ailleurs sur le web

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2 Comments

  1. L’impuissance face à une situation comme celle-là c’est ça qui m’enrage le plus. Les policiers sont blindé derrière un mur de juges et d’avocats qui profitent du système pour s’engraisser et les protéger. Je vais être très pessimiste ici et ça me désole, mais pour qu’un policier soit puni ça prend plus que ça, matricule 728 (Stéphanie Trudeau) est toujours à la maison avec son salaire! Je vous encourage à mener cette bataille juridique à bien pour le bien de nous tous. Bon courage.

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